Endométriose et micronutrition : 3 objectifs bien-être

20/5/2022
Santé féminine
Rédigé par Alexandra Tijoux

L’endométriose est une maladie chronique où l’inflammation est au cœur de la pathologie. En agissant sur cette inflammation, par le bais de solutions alternatives comme l’alimentation, la micronutrition et la phytothérapie, il est possible de diminuer les douleurs et le mal-être subi au quotidien. Même s’il n’existe pas aujourd’hui d’études prouvant l’impact de l’alimentation, de la micronutrition ou de la phytothérapie sur l’évolution de la maladie, il revient très souvent de la part de patientes un certain soulagement quotidien avec une meilleure gestion des douleurs.

Soulager l’inflammation et les douleurs par les acides gras  

Les matières grasses ont fréquemment été diabolisées dans notre société. Pourtant le gras c’est la vie ! Plus sérieusement, les acides gras apportés dans notre alimentation sont divers et certains sont à favoriser plus que d’autres. En effet, les acides gras aident à réguler la sécrétion d’hormones mais ils agissent également sur l’inflammation et donc le soulagement de douleurs d’endométriose. Les oméga-3, des acides gras essentiels que nous devons apporter par le biais de l’alimentation, retiennent toute l’attention des chercheurs dans le soulagement des douleurs liées à la maladie pour leurs propriétés anti-inflammatoires. Ces micronutriments ont la particularité de réduire la production de prostaglandines de type 2 et de cytokines, des molécules provoquant et entretenant l’inflammation. Un bon apport en oméga-3 dans l’assiette ou en complément alimentaire aiderait à diminuer les lésions et donc soulager les douleurs. [1] Il sera donc recommandé de consommer de l’huile de colza, de lin, de noix ou encore des fruits oléagineux (amandes, noix, noisettes…) et aussi des poissons gras (thon, anchois, maquereau, saumon…).

Au même titre que les oméga-3, les oméga-6 sont des acides gras essentiels mais que l’on a tendance à trop apporter dans notre assiette aujourd’hui. Or, certains types d’oméga-6 ont tendance à sécréter des molécules pro-inflammatoires. Il ne faut donc pas les diaboliser mais bien choisir ses produits. De plus, pour rétablir l’équilibre, il suffira d’augmenter sa consommation d’oméga-3 au quotidien.

A contrario, on tentera d’éliminer au maximum les acides gras saturés et trans de notre alimentation en limitant la consommation de produits transformés industriels, de produits sucrés raffinés, de viande rouge, de charcuterie et de certains produits laitiers selon les tolérances de chacune.

Réguler le système immunitaire et l’inflammation par l’apport en vitamine D

Plusieurs études scientifiques ont montré que le taux de vitamine D chez les femmes atteintes d’endométriose était bas. Or, la vitamine D possède une action anti-inflammatoire par en régulant le système immunitaire et notamment la sécrétion de molécules inflammatoires. [4]. Elle diminue également l’activité de l’aromatase, une enzyme surexprimée dans le cadre de l’endométriose, qui aide à la formation des œstrogènes. [5] Ainsi, un bon statut en vitamine D semblerait efficace pour réguler le système immunitaire et donc de soulager l’inflammation.

La grande particularité de la vitamine D est que nous la synthétisions à au moins 80% grâce aux rayons du soleil. Lorsque l’exposition au soleil vient à manquer, il est nécessaire de compléter ses apports par l’alimentation. La vitamine D est une vitamine liposoluble, c’est-à-dire qu’elle a besoin de gras pour être absorbée. Encore une fois, le gras c’est la vie !

Les aliments les plus riches en vitamine D sont les poissons gras, les champignons, les levures et les produits laitiers enrichis. Cela n’est donc pas toujours facile de couvrir ses besoins et il est parfois préférable de se tourner vers une complémentation.

Améliorer la digestion par le biais des prébiotiques et probiotiques

Le microbiote se définit par un ensemble de bactéries qui vivent dans un écosystème donné. Le corps humain en est composé de plusieurs dont le microbiote intestinal qui intervient sur différents domaines de notre santé. C’est un sujet de recherches très vaste mais qui passionne de nombreux scientifiques de nos jours.

Plusieurs études se sont intéressées au rôle du microbiote dans le cadre de l’endométriose et ont mis en avant qu’un bon équilibre intestinal régulerait l’inflammation et limiterait la progression de la pathologie. En effet, le système immunitaire est fortement utilisé dans le cadre de l’endométriose puisqu’il réagit contre les tissus endométriaux qui se développent à des endroits où ils ne devraient pas se trouver. Un bon apport en probiotiques pourrait être bénéfique d’une part pour renforcer la perméabilité intestinale et donc améliorer la capacité immunitaire de l’intestin et d’autre part réguler la réponse immunitaire et limiter son effet pro-inflammatoire. L’apport en prébiotiques semble aussi intéressant dans ce cadre puisqu’ils viennent nourrir les probiotiques et ainsi favoriser le bon équilibre du microbiote intestinal. Il sera donc conseillé de se tourner vers la consommation de produits laitiers, de produits fermentés, de fruits et légumes variés et de levures de bière. Néanmoins, il est conseillé d’être accompagné par un diététicien pour valider la tolérance digestive qui peut être modulée en cas d’endométriose.

Enfin, une étude expérimentale [6] a montré que le recours à une complémentation en Lactobacillus gasseri pourrait intervenir dans la régression de l’endométriose et donc diminuer les douleurs et les symptômes du quotidien.

Dorénavant le lien entre endométriose et micronutrition est mieux mis en avant, mais il ne s'agit pas d'imposer la même alimentation à toutes les patientes car chaque endométriose est différente. N'hésitez pas à vous faire accompagner ou bien à conseiller les femmes de votre entourage concernées par la maladie. Beaucoup d'autres conseils peuvent aider tant sur le plan physiologique que psychologique, nous ne sommes qu'au début des avancées médicales sur le sujet.


Sources

  • [1] (Netsu S et al., Oral eicosapentaenoic acid supplementation as possible therapy for endometriosis. Fertil Steril 2008 Oct, 90 (4 Suppl): 1496-1502)
  • [2] Harris HR, Chavarro JE, Malspeis S, Willett WC, Missmer SA. Dairy-Food, Calcium, Magnesium, and Vitamin D Intake and Endometriosis: A Prospective Cohort Study. Am J Epidemiol 2013 Mar 1; 177(5): 420–430.
  • [3] Derakhshan M, Derakhshan M, Hedayat P, Shiasi M, Sadeghi E. Vitamin D Deficiency May Be a Modifiable Risk Factor in Women With Endometriosis. CJMB 2018; 5: 292-296.
  • [4] Cermisoni GC, Alteri A, Corti L, Rabellotti E, Papaleo E, Viganò P, Sanchez AM. Vitamin D and Endometrium: A Systematic Review of a Neglected Area of Research. Int J Mol Sci. 2018 Aug; 19(8): 2320.
  • [5] Villaggio B, Soldano S, Cutolo M. 1,25-dihydroxyvitamin D3 downregulates aromatase expression and inflammatory cytokines in human macrophages. Clin Exp Rheumatol. 2012 Nov-Dec;30(6):934-8.
  • [6] Milajerdi, A., Mousavi, S.M., Sadeghi, A. et al. The effect of probiotics on inflammatory biomarkers: a meta-analysis of randomized clinical trials. Eur J Nutr 59, 633–649 (2020). https://doi.org/10.1007/s00394-019-01931-

Articles publiés récemment